PHOTOGRAMMES

Le photogramme est une photographie prise sans appareil photographique. Il s’agit même du stade le plus primitif de la photographie. En 1802, bien avant l’invention de la photographie par Nicéphore Niepce en 1927, Thomas Wedgwood avait déjà expérimenté l’action de la lumière sur du papier ou du cuir sensibilisé aux nitrates d’argent. Il y plaçait des objets plats et exposait le tout à la lumière.
A l’époque, il ne connaissait pas le moyen de fixer ses images, aussi les conservait-il dans le noir et ne les montrait que de manière furtive à la lumière d’une bougie.
Cent vingt ans plus tard, Man Ray redécouvrit ce procédé et en fit un art à part entière.
La rayographie – c’est ainsi qu’il définit son invention – est le résultat de l’action directe de la lumière sur le papier sensible.
Tout objet interposé entre la source lumineuse et le papier laisse son empreinte : là où la lumière a pu se poser, elle noircit le papier ; partout ailleurs, celui-ci est resté blanc.

Voilà comment , dans les écoles de photographies, commence la formation des futurs photographes pour leur expliquer en peu de temps le phénomène photographique et le développement d’un tirage.

Beaucoup ont développés cette technique. Les années 1930 on vu un certain nombre de photographes, constructivistes ou abstraits se passionner pour cette technique très graphique, comme Moholo-Nagy ou Man Ray en firent également une œuvre remarquable.

Pour ma part, j’ai attendu près de 15 ans avant de m’y remettre. C’était le 17 septembre 1989, le jour de mes 36 ans où je me suis autophotogrammé par six fois.
Depuis, j’ai utilisé cette technique à plusieurs reprises.

Que ce soit pour mes séries de portraits ou mes natures mortes. Le studio m’a toujours paru le meilleur endroit pour travailler mes sujets, utilisant principalement des arrières fonds noirs ou blanc, que ce soit en couleur ou en noir et blanc. Il m’a donc semblé naturel de me remettre au photogramme et d’y travailler de nouvelles séries de portraits.
Il faut dire que la tâche n’est pas confortable pour mes portraiturés, puisqu’ils sont obligés de se contorsionner sous l’agrandisseur afin de me présenter leur plus beau profil.
Le portrait dans ces circonstances est avant tout l’art de la rencontre. La victime agit ici en son âme et conscience, plusieurs secondes sont nécessaires pour fixer la silhouette sur le papier.

C’est aussi la somme qui fait la totalité. Ces images, d’un format de trente centimètres de côtés placées en frise ou en fresque se répondent et se parlent presque, oubliant les différences pour nous parler de l’essence même de la condition humaine.