La tradition de la Tammorra

Des alentours du Vésuve.

Le chant, le tambour et la danse sont ici le langage d’une communauté.

Avec cette tradition nous percevons en quelle mesure la musique dans le monde rural est non seulement l’expression d’un esprit joyeux mais aussi une manière de vivre un temps et un espace propre. C’est un fond musical pour toutes les activités, du travail à la fête, de l’amour au défi.

Les occasions de rituels sont les fêtes religieuses, des moments d’osmose entre la culture paysanne et celle de la religion catholique. Elles sont vives et se répète dans le milieu paysan et non pas dans le milieu urbain, fêtes qui se déroulent encore en suivant des règles antiques transmises de génération en génération.

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La peau sera chaleur : celle du tambour que l’on frappe,
celle des danseurs qui forment le cercle.
Le cercle est protection.

 

La « tammorra » ou « tammurrê » est le tambour traditionnel sur cadre sur lequel on chante et on danse,
c’est un tambour de grande dimension ( +- 40/50 cm de diamètre) par rapport aux tambours utilisés dans
d’autres régions d’Italie où l’on joue un tambour plus petit : le tambourin.

La tammorra est l’instrument principal qui accompagne le chant. Le chant représente le point central de la danse,
car c’est le chant qui dirige la danse. La tammorra est joué soit par des hommes, soit par des femmes.
En général les hommes saisissent le tambour de la main gauche, les femmes de la main droite.

Les « cantatori »(chanteur masculin ou féminin) chantent souvent en approchant la bouche du tambour
pour en faire une caisse acoustique ; le chant est ainsi sur le tambour.

Les sujets de fond du langage des chants sont le sexe, la femme, la mort dans une combinaison de signes qui nous rapporte continuellement à un discours magique et rituel.
Dans les chants une forte composante érotique est présente en général, qui est explicitement déclarée, sans couvertures et sans moralismes, souvent avec des symboles et des métaphores.

 

Deux autres types de chants sans tambour

FRONNE E LIMONE

La « fronne e limone », littéralement: la feuille de citron. Joute oratoire exécutée à distance et sans instruments. Ce chant particulier peut s’articuler comme dialogue en se référant à des thématiques sexuelles, d’amour, de défi, et de mort. C’était aussi une manière pour une famille de communiquer avec un de ses membres détenu en prison.

CANTO A FIGLIOLA

Il « canto a Figliola », littéralement: le chant pour la jeune fille.
Chant choral entonné lors des fêtes dédiées aux « Madonna ». Moins mélodique que la « fronne », la mélodie traditionnelle est chantée par un seul chanteur rejoint au final par le chœur des participants.

La structure chorégraphique de la danse est celle d’un cercle de personnes qui vient se former spontanément
dès qu’une personne commence à jouer du tambour accompagner du chant, dans lequel vient danser un couple
de danseurs (ballatori): homme/femme, femme/femme, homme/homme et munis de castagnettes.
Celui qui danse se rapporte aussi à un lexique codifié dans le temps par lequel il s’exprime sans contraintes et
de façon tout à fait particulière selon le moment, l’accord avec le partenaire, le sexe, l’âge etc.
Ainsi, la danse est donc unique, tout en étant ‘égale’ dans la forme et dans le style de chaque danseur.

 

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Les autres instruments sont le « bughitibù » ou « putipu » : un tambour à friction. le « trichebballacche » : croate à marteaux, la « tromba degli zingari » ou "scacciapensieri" : la guimbarde et les castagnettes: "nacchere", indispensable surtout pour danser. Depuis quelques années déjà, on trouve également l'accordéon.
On peut aussi rapporter les instruments musicaux à des signes magiques et rituels, en général marqué par le sens du double : la tammorra se rapporte à des symboles féminins, le putipu à des symboles masculins, les castagnettes à l’unité mâle-femelle (parfois les deux parties de la castagnette ont un signe à l’extérieur qui servirait à déterminer la partie féminine et celle masculine).

 

 

 

L’assistance participe avec des incitations et des commentaires, en soulignant les moments clous du chant et de la danse avec des séquences rythmiques différentes, souvent ressemblant à des voix d’animaux, ou plus simplement ils jouent des castagnettes dont ils sont toujours muni, car nécessaire pour la danse.

L’exécutant réinvente continuellement le patrimoine que la tradition lui a mis à disposition et chaque exécution se révèle, par conséquent, unique, selon la « quantité et la qualité d’énergie » qui circule : on prend donc part à la fête populaire à chaque fois avec un esprit différent, avec la sensation du rite qui se renouvelle, avec la conscience de participer à un événement unique, non pas qui a été ou qui sera mais qui est !